Matériaux biosourcés et géosourcés : Pourquoi choisir le bois, la terre, la paille et la pierre ?

DES BÉNÉFICES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX CONCRETS

Contrairement aux idées reçues, construire avec des matériaux naturels peut être économiquement compétitif, surtout si l’on intègre les coûts sur le long terme (entretien, confort, santé, réparabilité). L’usage de la paille et de la terre permet, par exemple, une autoconstruction accompagnée, souvent moins coûteuse, et renforce les dynamiques locales.

• Ces matériaux sont souvent disponibles à proximité du site de construction, ce qui réduit les frais de transport et dynamise les filières locales.

• Leur mise en œuvre favorise l’emploi d’artisans qualifiés ou la mobilisation de chantiers participatifs, renforçant les liens sociaux et la transmission des savoir-faire.

Alain Marcom insiste d’ailleurs sur cette dimension collective : « Construire en terre-paille, c’est aussi construire avec les autres. » L’acte de bâtir devient alors un projet de territoire, un levier de cohésion.

UN CONFORT THERMIQUE, HYGROMÉTRIQUE ET ACOUSTIQUE REMARQUABLE

Techniquement, ces matériaux n’ont rien à envier aux solutions industrielles. Au contraire, ils apportent des qualités de confort naturel très recherchées :

• La terre régule naturellement l’humidité intérieure grâce à sa capacité hygroscopique. Elle absorbe l’excès d’humidité ambiante et la restitue en période sèche.

• La paille, en parois ou en toiture, offre un pouvoir isolant élevé (λ ≈ 0,045 W/m.K) tout en étant respirante.

• La pierre apporte de l’inertie thermique, idéale pour réguler la température dans les bâtiments exposés aux écarts thermiques.

• Le bois, matériau structurel et de finition, est à la fois résistant, souple, léger, et agréable au toucher.

Ces propriétés naturelles favorisent un habitat sain, sans condensation ni surchauffe, propice au bien-être et à la santé des occupants.

UNE ESTHÉTIQUE VIVANTE ET POÉTIQUE

Loin de l’uniformité du bâti contemporain, les matériaux naturels permettent une architecture expressive, sensible et ancrée dans son territoire. Les enduits terre changent au fil de la lumière, la texture du bois évolue avec le temps, la pierre révèle les spécificités géologiques d’un lieu.

Cette esthétique vivante nourrit un imaginaire de l’habitat en lien avec la nature, où chaque construction porte la mémoire du sol, du climat, et des mains qui l’ont façonnée. Marcom évoque « l’émotion ressentie face à un mur de terre fait main », qui dépasse la simple fonctionnalité pour toucher à quelque chose de plus essentiel : le sentiment d’habiter en harmonie avec le monde vivant.

CONSTRUIRE POUR DEMAIN, DÈS AUJOURD'HUI

Choisir des matériaux biosourcés et géosourcés, ce n’est pas faire un retour en arrière, mais revenir à l’intelligence du local, de la matière et du vivant. C’est redonner du sens à l’acte de construire, en conciliant performance, beauté et responsabilité.

En Bretagne, région de savoir-faire anciens et de matières premières riches, cette approche prend tout son sens. Elle permet d’inventer une architecture sobre et généreuse, où la pierre d’Armorique, la terre de limon, la paille des champs et le bois des forêts deviennent les fondations d’un avenir désirable et habitable.

À l’heure où les défis climatiques, énergétiques et sociaux nous imposent de repenser en profondeur notre manière de construire, les matériaux naturels s’imposent comme une réponse cohérente, résiliente et durable. Bois, terre, paille, pierre : loin d’être des reliques du passé, ces matériaux biosourcés et géosourcés répondent aux exigences contemporaines tout en apportant une richesse écologique, économique, esthétique et technique souvent insoupçonnée.

UNE RÉPONSE ÉCOLOGIQUE À LA HAUTEUR DES ENJEUX

La construction conventionnelle est l’un des secteurs les plus polluants au monde, responsable d’environ 40 % des émissions mondiales de CO₂. Face à cela, les matériaux naturels offrent une alternative vertueuse : faible énergie grise, circuits courts, renouvelabilité, capacité de stockage du carbone…

• Le bois, lorsqu’il est local et géré durablement, est un puits de carbone naturel.

• La terre crue (argile, terre alluviale, terre limoneuse), abondante et non transformée, n’émet presque aucun CO₂ lors de sa mise en œuvre.

• La paille, issue des cultures céréalières, est un sous-produit agricole valorisable, 100 % biodégradable, et excellent isolant.

• La pierre, matériau géosourcé par excellence, présente une durabilité exceptionnelle et nécessite peu de transformation.

Dans son livre Construire en terre-paille, Alain Marcom (maçon de formation) souligne que « les matériaux naturels sont en adéquation avec le vivant, car ils respectent les cycles biologiques et ne créent pas de déchets ultimes. » Ce respect du vivant s’inscrit pleinement dans une vision de la construction tournée vers la sobriété et la responsabilité.